L'homéopathie en trois leçons
Leçon 1
L’homéopathie, qu’est ce que c’est ?
Découverte il y a plus de deux siècles par un Médecin Allemand, Samuel HAHNEMANN, c’est une méthode de traitement qui, en quelque sorte, invite notre corps à participer à sa propre guérison. Autrement dit, ce qui agit ce n’est pas le remède en lui-même, c’est la réaction qu’il suscite. Confirmée sur de très nombreuses observations depuis, l’homéopathie repose sur un principe simple mais dont les conséquences sont étonnantes. Jugez plutôt:
Pour guérir un malade, il faut lui donner une faible dose de la substance qui, à plus fortes doses chez un sujet sain, provoquerait des symptômes semblables à ceux que présente ce malade.
Pour le dire autrement, une même substance peut avoir des effets opposés en fonction de la dose employée. Par exemple, nous utiliserons en homéopathie une dose infinitésimale de café pour soigner une insomnie qui ressemble à celle engendrée par le café: la personne est pleinement éveillée, presque fébrile avec afflux d’idées, et une hypersensibilité au bruit telle qu’elle entend des bruits lointains comme s’ils étaient très proches. En revanche, une dose infinitésimale d’ARSENICUM ALBUM soulagera une insomnie dans laquelle la personne va se réveiller à 2 ou 3 heures du matin avec angoisse et agitation telle qu’elle doit sortir du lit.
Ainsi, ce que l’on soigne ce n’est pas une « maladie », c’est la manière dont le malade va faire sa maladie. Vous l’aurez compris, il n’y a pas en homéopathie d’équation “diagnostic = remède”, car l’homéopathie ne soigne pas une maladie, elle soigne un malade.
C’est pourquoi, soit dit en passant, les méthodes « randomisées » actuellement employées par la science médicale pour vérifier l’efficacité d’un traitement face à une maladie ne sont pas adaptées à l’homéopathie. Deux personnes souffrant par exemple de gastrite auront besoin de leur remède, qui sera probablement différent pour chacune d’elles, remède adapté à leur manière de faire cette gastrite. L’une, par exemple, aura très soif et l’autre non, l’une sera améliorée en buvant chaud et l’autre en buvant froid, l’une aura un fort désir pour les sucreries et l’autre pour les choses amères, etc… Comment donner le même remède à des personnes si différentes? Chacune d’elles a besoin de son remède, car chacune d’elles vit dans un déséquilibre physiologique dont la gastrite n’est qu’une conséquence et non le point de départ! La soulager de sa gastrite, c’est bien, mais la libérer du déséquilibre qui en est la cause, c’est mieux ! C’est pourquoi l’homéopathie est un traitement personnalisé.
Qu’appelle-t-on “doses infinitésimales”?
La seconde découverte d’Hahnemann est encore plus étonnante: non seulement la dilution d’un remède n’atténue pas son efficacité mais, sous certaines conditions, elle va même l’amplifier! Hahnemann raconte en effet sa surprise de voir ses remèdes dilués plus efficaces lorsqu’il les employait en visite qu’il réalisait à cheval… L’idée lui est alors venue de secouer ses remèdes entre chaque dilution. Voyant son intuition se confirmer, il appela “Dynamisation” cette opération consistant à secouer ses flacons, car non seulement elle semblait en effet en augmenter l’efficacité, mais elle compensait amplement la perte d’efficacité à laquelle on peut normalement s’attendre lors d’une simple dilution du remède. De sorte qu’une 15 CH sera paradoxalement – là encore sous certaines conditions – plus efficace qu’une 5 CH pourtant beaucoup moins diluée… Pour en vérifier chaque jour l’efficacité, les homéopathes sont à l’aise avec ce paradoxe qui a pourtant de quoi choquer leurs confrères allopathes, et on peut les comprendre ! Ces derniers ne manquent d’ailleurs pas d’ironiser sur l’absence de toute molécule au-delà d’une 12 CH…
Disons un mot tout d’abord sur la manière dont sont préparés les remèdes. Partons par exemple d’une plante toxique, la BELLADONE. Ses baies sont recueillies puis macèrent dans une solution alcoolique pendant plusieurs semaines. Après filtration, on obtient une teinture alcoolique appelée “teinture mère” car c’est à partir de cette “mère” que seront obtenues les dilutions successives: une goutte de cette teinture sera mélangée à 99 gouttes d’eau alcoolisée pour obtenir une dilution à un pour cent. C’est ici que va intervenir la fameuse “dynamisation” d’Hahnemann: la dilution sera vigoureusement secouée, pour obtenir ce que par convention nous appellerons la 1CH, c’est-à-dire la première centésimale hahnemannienne. De cette 1CH on prendra une goutte pour la mélanger à 99 gouttes, on secouera à nouveau pour obtenir la 2ème centésimale soit 2 CH, et ainsi de suite… Pas besoin d’être fort en maths pour comprendre qu’une 3 CH sera déjà diluée au millionième, et dans les années cinquante un mathématicien français s’est amusé à prouver qu’au-delà de la 12 CH il ne pouvait plus y avoir une seule molécule du produit initial! Et pourtant, ça marche…
Placebo ? Allez dire cela à mon ami berger qui, chaque fois qu’une de ses brebis fait un abcès de la mamelle à staphylocoque, lui donne quelques granules d’HEPAR SULFUR15 CH – soit une dilution, à 0,0… trente zéros à suivre… et en moins de 24 heures l’abcès disparaît, sans aucun autre traitement que ces petits granules! Comment est-ce possible, demanderez-vous? Comment guérir sans aucun apport de substance? Laissez-moi vous répondre par une autre question: Quand une parole vous titille ou vous blesse au point de vous faire réagir, quel est le poids physique de cette parole? Quelle est sa masse, où sont ses molécules? Il n’y a ni masse ni molécule, c’est juste une vibration qui apporte une information… mais pas n’importe quelle information: c’est parce qu’elle engendre en vous une RESONANCE que cette vibration vous fait réagir ! Chacun de nous a entendu au moins une fois dans son existence une parole qui l’a orienté. Tantôt il s’agissait d’une parole blessante que nous avons longtemps ruminée, et qui a eu pour effet soit de nous inhiber au point parfois d’influencer certains choix d’existence, soit de provoquer en nous une réaction salutaire, ce qui là encore a orienté nos choix d’existence… Tantôt une parole bénie est venue nous éveiller à notre vérité, ce qui nous a permis de nous relever et d’amorcer un processus de guérison. Il n’y avait aucune “masse” dans ces paroles, aucune molécule, elles n’étaient que vibration, et pourtant elles ont pesé de tout leur poids dans l’image que nous avons de nous… Si de telles vibrations peuvent aussi peser lourd dans nos existences, dans nos choix et nos orientations, ce n’est pas par leur existence propre mais par leur capacité à entrer en résonance avec nos failles comme avec notre vérité. C’est cette résonance qui va engendrer la réaction, laquelle à son tour nous orientera dans un sens… ou dans l’autre…
Mais qu’est-ce qui va déterminer ce sens ?
La parole blessante assombrit notre vérité. On pourrait dire que selon le “poids” de cette parole, notre vérité sera soit enfoncée, étouffée, mise en échec par un rapport de forces par trop défavorable, soit en capacité de réagir, de s’affirmer avec force et de reprendre le dessus… Le poids? Comment ne pas évoquer la manière dont sont préparés les remèdes homéopathiques, comme si on leur ôtait leur “poids” tout en gardant l’information qu’ils véhiculent? Ce n’est qu’une image bien sûr, mais elle rend parfaitement compte de la manière dont agit le remède.
Il n’y a ni masse ni molécule, c’est juste une vibration qui par résonance nous fait réagir. Elle nous fait vibrer, et en vibrant elle nous “décolle” de ce qui n’a plus lieu d’être! Imaginez par exemple que vous ayez une piètre opinion de vous : vous vous sentez nul, et si je vous dis alors avec force que vous êtes nul, vous n’aurez pas de mal à me croire et cela vous enfoncera davantage encore… Mais si je vous le dis avec plus de légèreté, presque en filigrane comme une interrogation “calculée”, le peu d’estime qui vous reste va se réveiller pour me dire combien je me trompe, en trouvant en vous l’énergie de me démontrer le contraire… Cela faisant, vous allez par la même occasion découvrir – ou retrouver – Qui vous êtes réellement.
L’homéopathie n’agit pas autrement! Autant une parole peut, par sa résonance, engendrer un mouvement intérieur qui va nous dégager de la fausse idée que nous avons de nous-même, autant le remède peut dégager notre corps d’une sorte d’identification à “sa” maladie. C’est une image, bien sûr, mais elle rend bien compte de la manière dont le remède semble agir, à la fois en douceur et en profondeur.
Mais pour que cette réaction ait lieu, vous l’aurez compris, il faut que le remède soit assez semblable à la personne pour qu’il puisse engendrer en elle une résonance… C’est en suscitant cette réaction que le remède va aider notre corps à se dégager de cette discordance dans laquelle il s’est trouvé piégé. Pour autant, toutes les résonances ne se valent pas: certaines sont partielles, n’agissant que sur un aspect de la discordance, ce qui va momentanément soulager la personne sur ce point précis mais d’une manière souvent limitée dans le temps, presque à l’image d’un palliatif. Lorsque la résonance est plus profonde, c’est tout le corps qui se trouve impliqué dans le travail de guérison. A un degré de plus, lorsque l’ensemble du remède est en résonance avec l’être tout entier, alors la guérison est “toute entière”, et la littérature homéopathique abonde de ces guérisons inespérées, lesquelles peuvent se produire lorsque le remède est en parfaite adéquation avec le patient considéré dans sa “totalité” à la fois physique et émotionnelle.
Mes fidèles lecteurs se souviendront peut-être ici de la guérison spectaculaire de deux jeunes garçons, tous deux pris d’une forte angine dont l’origine bactérienne avait été confirmée.
Le premier, Nicolas, avait subi une violente humiliation la veille de son angine. Faisant le pitre en provoquant son père à la sortie de l’école pour “amuser la galerie”, il n’avait pas anticipé cette gifle paternelle décochée “sans sommation” et subie devant les petits copains: il s’était réveillé avec une forte douleur le lendemain matin, et c’est peu de dire que “ça lui était resté en travers de la gorge”! Une seule dose de STAPHYSAGRIA 15 CH, remède pour les maladies suite d’humiliation, l’avait guéri en moins de 24 heures.
Le second, Maxime, avait déclaré son angine après une vive réaction de jalousie: les surprenant en train de se disputer, sa petite soeur et lui, son père lui avait retourné une gifle sans lui laisser le temps d’expliquer son point de vue… une gifle qui venait une fois de plus souligner, s’il en était encore besoin, que sa petite soeur était bien la préférée de son père… LACHESIS a été son remède, une seule dose en 15 CH… guéri en moins de 24 heures lui aussi. Chez ces deux enfants, tous deux âgés de dix ans, l’aspect de leur gorge était rigoureusement identique. Tous deux avaient eu mal à la gorge le lendemain d’une gifle de leur père… Mais tous deux n’avaient pas eu le même remède! Pourquoi?
Parce que l’homéopathie ne soigne pas une maladie, l’homéopathie soigne une personne. Objectivement Nicolas et Maxime avaient tous deux reçu une gifle, mais ils ne l’avaient pas perçue de la même façon. La gifle, c’est un stress, mais ce n’est pas le stress en lui-même qui nous rend malade. Ce qui nous rend malade, c’est la réaction que ce stress engendre en nous, une réaction alimentée par ce que cela est venu “toucher” dans notre histoire, dans notre sentiment d’identité, dans cette image que nous avons de nous. Ces deux histoires nous montrent combien l’homéopathie tente de coller au “noeud de souffrance” plutôt qu’à l’aspect extérieur de la maladie, ce qui explique aussi pourquoi l’équation “une maladie = un remède” ne peut pas fonctionner en homéopathie. Au risque de me répéter, l’homéopathie ne soigne pas une maladie mais elle soigne un malade: vouloir évaluer son intérêt par des études statistiques basées sur cette équation “maladie = remède” relève au mieux d’une méconnaissance, au pire d’un déni… mais nous y reviendrons plus en détail au cours de la prochaine leçon, lorsque nous aborderons de façon plus concrète la manière de choisir à la fois le juste remède et sa dilution la plus appropriée.
A suivre…